Projet EF-ORE – Electrification et Recyclage des véhicules
La fin de la commercialisation des véhicules à moteur thermique en Europe à l’horizon 2035 aura un impact important sur la filière du recyclage des VHU (Véhicules Hors d’Usage) en particulier vis-à-vis de l’acier et l’aluminium.
Le Comité Stratégique de Filière Mines et Métallurgie (CS-MM) a donc conduit une réflexion à laquelle participait CTIF aux côtés de Constellium, ArcellorMittal, Stellantis, Renault et des représentants de la filière du recyclage et de l’affinage. Le groupe de réflexion a rendu son rapport fin juillet 2020 qui fait plusieurs constats majeurs :
- Le recyclage des VHU débute dans les centres de démontage qui dépolluent le véhicule et qui extraient certains éléments mécaniques ou de carrosserie, par exemple : liquides, batteries, pneus, blocs moteurs, …
- Qu’elles soient en aluminium ou en acier, peu de pièces sont démontées pour la « matière » ;
- Les pièces démontées et dont l’alliage est identifié sont recyclées plus directement (pièce en aluminium en affinerie d’aluminium) ;
- Le reste est broyé avant d’être séparé en différentes fractions (plastiques, ferreux, métaux non-ferreux) plus ou moins propres suivant les moyens de tri utilisés ;
- La fraction « ferreux » est traitée (refondue) pour obtenir des aciers ou des fontes et la fraction « non-ferreux » est affinée pour obtenir entre autres des alliages d’aluminium dits de seconde fusion ;
- La part de l’aluminium dans les VHU français est faible : 5%. Ce chiffre s’explique par l’âge moyen des VHU (18 ans) et la nature des versions recyclées (peu de véhicules haut de gamme) ;
- La part aluminium dans les véhicule neuf ne cesse d’augmenter (10% en 2019), et le passage au véhicule hybride ou électrique n’inversera pas cette tendance ;
- Pour les aciers, la tendance est une augmentation de la part des aciers AHSS (Advanced High Strength Steel) au détriment des aciers classiques ;
- Pour les alliages d’aluminium, la tendance est une augmentation de la part produits plats ou extrudés ainsi que de la part des produits moulés au détriment de l’acier ou la fonte ;
- Pour les aciers, le problème réside principalement dans la teneur en cuivre de l’acier recyclé incompatible avec les AHSS ;
- Pour les alliages d’aluminium, le problème réside dans les teneurs élevées en silicium pour la réalisation d’alliages de corroyages de la teneur élevée en fer que ce soit pour les alliages de corroyages ou pour les alliages de moulage.
En conclusion, à l’horizon 2030-2050, les aciers et les alliages d’aluminium issus du recyclage actuel des VHU ne correspondront plus aux besoins du secteur automobile ! Les ferrailles post-consommation ont déjà de nombreux débouchés dans les aciers pour le bâtiment ou les aciers spéciaux et inox, mais Il est vraisemblable qu’aucun autre secteur ne pourra facilement et rapidement se substituer à ce débouché pour le recyclage des aluminiums.
Sur la base de ces conclusions et des recommandations du CSF-MM, un consortium intégrant des acteurs du groupe de travail, dont le CTIF, a décidé de poursuivre la réflexion initiée au travers d’un projet afin d’anticiper les conséquences de cette évolution et y trouver des solutions. Ce projet piloté par l’IRT M2P a donc pour objectifs de :
- Consolider les connaissances de la filière de recyclage actuelle ;
- D’évaluer les évolutions de l’offre et des besoins en acier et aluminium :
- Volumes de résidus métalliques issus des VHU,
- Avec quelles qualités,
- Quels volumes/nuances seront consommés par le secteur automobile.
- Identifier des technologies prometteuses, en analysant techniquement et économiquement les technologies existantes ou en cours de développement ;
- Etudier la faisabilité technico-économique de différentes voies de valorisation ;
- Eviter au maximum du downcycling des métaux acier, comme aluminium ;
- Collecter les données nécessaires au montage de projet(s) R&D.
L’étude qui s’est déroulée en 2021 est en cours de finalisation par des tests de faisabilité industrielle.
Si vous souhaitez plus d’informations sur cette étude, n’hésitez pas à contacter Michel Stucky, Expert non-ferrous chez CTIF.