Mission Design : le grand défi
Focus sur la mission design confiée à Alain Cadix, auprès du ministre du Redressement productif et de la Ministre de la Culture et de la Communication.
Mission Design : le grand défi
Lors des deuxièmes rendez-vous du Design qui se sont déroulés le 15 octobre dernier au Palais de Tokyo à Paris, le rapport de la mission design a été officiellement remis par Alain Cadix en charge de la mission, à Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement Productif et Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la Communication. Alain Cadix a également présenté les conclusions de son rapport lors de la 2 rencontre Designers-Fondeurs organisée par CTIF et l’école de design Strate, le 5 décembre dernier.
La mission Design, mise en place en juin 2013 à l’initiative des ministères du Redressement Productif et de la Culture, a été confiée à Alain Cadix, directeur d’établissements d’enseignement supérieur. Composée de vingt-deux membres, principalement de designers, la mission France Design propose dix actions clés pour amorcer une révolution de type Copernicienne en la matière.
Le lien entre la technologie et l’usage
En effet, la France accuse un retard significatif dans le champ de l’innovation, alors qu’elle détient la plupart des technologies qui font les innovations introduites dans les sociétés. Cependant, le constat d’Alain Cadix est le suivant, la France n’a pas la culture du design, malgré les efforts et les actions d’acteurs sur le terrain. Les entreprises françaises sont centrées sur la technologie, elles ont oublié l’expérience utilisateur, en reléguant le design. Cependant c’est bien le design qui fait le lien entre la technologie et l’usage et ajoute la part d’imaginaire, rendant ainsi les objets désirables.
Face à ce constat, une question cruciale se pose : quelles actions doivent être engagées pour qu’en 2025 ou 2030 la France ne soit pas toujours dans « l’inculture design » qui la pénalise en termes de compétitivité hors coûts et la retarde sur le chemin de l’innovation économique et sociale. Mais comme le souligne Alain Cadix, il s’agit d’engager une mutation culturelle profonde en abordant la question en abordant simultanément tous les secteurs de l’environnement économique et social, culturel et éducatif, national et territorial de cette relation. L’auteur du rapport insiste également sur la cohérence, la constance et la consistance qui devront prévaloir dans la politique de mise en œuvre. Cohérence des acteurs dans un souci du partage au service d’un intérêt commun ; la constance et la consistance seront le fruit d’une volonté politique partagée dans la durée par l’Etat et les collectivités territoriales, les CCI, les fédérations professionnelles.
Et c’est bien là le grand défi de la Mission Design qui « devra réduire les points de tension qui existent entre le temps long de la mutation culturelle et le temps court du redressement productif et du redressement créatif qui l’étaye » précise Alain Cadix.
Trois objectifs et dix actions préconisées
La nouvelle politique qui placera au centre la relation entrepreneur –designer en abordant toutes les dimensions d’environnement vise trois objectifs : mieux comprendre le rôle et la place du design, mettre en œuvre des démarches de design dans le plus possible d’entreprises et les accompagner, faire rayonner la vision française du design en Europe et dans le monde.
Pour cela, dix actions clés sont préconisées dans le rapport. Parmi celles-ci figurent notamment la mise en place de résidences de designers dans les pôles de compétitivité, ouverture de crédit d’impôt aux dépenses de design dans les PME, développement du design dans l’éducation artistique et culturelle et d’une éducation technologique et industrielle pour tous.
Les propositions qui sont recommandées dans le mémoire ne seront pas mises en place immédiatement, mais toutes ont vocation de donner au design (création, conception, maîtrise d’œuvre) une place centrale dans l’ingénierie des objets.