Fragilité des barrages miniers, intempéries… la production de minerai de fer chute drastiquement
La réduction des volumes de minerai de fer exportés par le Brésil et l’Australie provoque une brusque tension du marché. Le cours du minerai de fer a dépassé les 90 dollars la tonne, et cela pourrait se ressentir sur les prix de l’acier.
Le premier producteur mondial de minerai de fer, le brésilien Vale, a alerté le marché d’une chute probable de sa production annuelle de minerai de fer de 75 millions de tonnes sur celle de l’an dernier, et un impact direct de la situation actuelle de 93 millions de tonnes sur sa prévision de production 2019.
L’agence nationale minière (ANM) brésilienne a ordonné le gel de l’utilisation de 56 bassins de rétention de déchets miniers, leurs barrages n’ayant pas satisfait aux exigences de certification de leur stabilité. 39 d’entre eux n’ont pas pu présenter les documents de contrôle demandés, tandis que 17 ont été jugés insuffisamment résistants.
Vale, notamment, n’a pas pu décrocher de certificats pour 13 de ses ouvrages. La compagnie minière brésilienne, qui vient de provoquer à trois ans d’intervalle deux catastrophes environnementales majeures avec la rupture de ses barrages de Samarco et Brumadinho, anticipe un changement majeur de son modèle d’affaires, reconnaît un haut responsable (non-identifié) du groupe cité par Reuters. Vale « va devenir un groupe contrôlé par l’Etat, qui utilisera l’ensemble des liquidités dégagées par son activité pour compenser les plaintes à son encontre », a déclaré ce cadre.
Dans la région australienne du Pilbara, autre grand pourvoyeur de minerai de fer, les compagnies minières ont été frappées par le cyclone tropical Veronica. Forcé de déclarer des cas de force majeure sur plusieurs contrats, le troisième producteur mondial de minerai de fer BHP a réduit sa prévision de production annuelle de 6 à 8 millions de tonnes (environ 2,5% de sa production 2018). Ces interruptions sont attribuées à des inondations sur ses sites miniers et le long des voies de chemin de fer acheminant le minerai vers les ports australiens. Son concurrent Rio Tinto, premier producteur australien, devrait réduire la sienne de 14 millions (équivalant à 4% des 338 millions de tonnes extraits dans la région en 2018). Fortescue devrait être touché également, dans une moindre mesure.
L’effort de production en Afrique du Sud et les stocks dans les ports brésiliens et surtout chinois devraient amortir un peu cette chute de production, mais le marché du minerai de fer entre tout de même dans une phase de tension. Barclays, entre autres, a remonté sa prévision de prix moyen du minerai de fer sur 2019 à 75 dollars la tonne (contre 69 dollars précédemment). La banque prévoit un basculement du marché vers un déficit de 31 millions de tonnes. UBS anticipe un prix de 83 dollars la tonne.
Sur le marché spot, la tonne de minerai de fer a dépassé les 90 dollars. Sur la bourse chinoise de Dalian, elle a même passé le seuil des 100 dollars. La tension sur l’offre ne devrait néanmoins pas durer trop longtemps. Nombre de mines placées sous cocon en Asie-Pacifique n’attendent qu’une confirmation que cette hausse sera durable pour relancer la production.
Source : Usine Nouvelle (L’), 04/04/2019