Deux fois plus de matières premières seront consommées d’ici à 2060
Selon un rapport intitulé « Perspectives mondiales des ressources matérielles à l’horizon 2060 » publié le 22 octobre 2018 par l’Organisation pour le développement et la coopération économiques (OCDE), l’expansion de l’économie mondiale et l’élévation des niveaux de vie se traduira par un quasi-doublement de l’utilisation des matières premières dans le monde. La pression exercée sur l’environnement sera, elle aussi deux fois plus forte.
« L’utilisation mondiale de matières se montera à 167 gigatonnes en 2060, contre 90 gigatonnes actuellement », affirme l’étude de l’OCDE. Cette augmentation de la consommation de matières premières est induite par une hausse de la population mondiale se hissant à 10 milliards de personnes et une élévation du revenu moyen par habitant, à l’échelle mondiale, pour rejoindre celui de l’OCDE aujourd’hui (40 000 dollars).
En présentant ce rapport au Forum mondial sur l’économie circulaire à Yokohama au Japon, du 22 au 24 octobre 2018, l’OCDE alerte sur une situation anxiogène. Pour rappel, le 1er août 2018, nous avons consommé toutes les ressources naturelles que la planète peut produire en un an. Depuis ce jour, nous vivons à crédit… Et chaque année, « le jour du dépassement » arrive un peu plus tôt.
Parmi les matières premières, c’est l’utilisation de minéraux, notamment de matériaux de construction et de métaux, qui augmentera le plus, en particulier dans les économies en développement en forte croissance. « Les produits minéraux non métalliques comme le sable, les graviers, le calcaire et les roches concassées représentent plus de la moitié de la totalité des matières utilisées aujourd’hui. Si l’on y ajoute les autres matières, le total utilisé quotidiennement par une famille moyenne remplit une baignoire », détaille l’OCDE.
Inquiète sur les conséquences environnementales, l’OCDE avertit : « si aucune action concrète n’est prise pour relever ces défis, il est probable que l’accroissement prévu de l’extraction et du traitement de matières premières (…) aggrave la pollution de l’air, de l’eau et des sols, et concourt notablement au changement climatique ».
Les impacts environnementaux, calculés par kilo de métaux extrait ou produit, sont les plus importants pour le cuivre et le nickel, alors que pour le fer, l’acier et le béton, c’est l’effet volume qui est le plus impactant. L’extraction et la combustion d’énergies fossiles avec la production de fer, d’acier et de matériaux de construction sont d’ores et déjà responsables d’une grande partie de la pollution de l’air et des émissions de gaz à effet de serre (GES). En l’absence de nouvelles mesures de réduction, l’ensemble des émissions imputables à la production des matières premières passera, selon le rapport, de 28 à 50 gigatonnes d’équivalent CO2 d’ici à 2060. Aujourd’hui, le béton est responsable de 9 % des émissions totales de GES et 7 métaux (fer, aluminium, cuivre, zinc, plomb, nickel et manganèse) sont responsables de 7% des émissions de GES.
« Le secteur du recyclage, qui représente aujourd’hui un dixième du poids du secteur minier dans le PIB, devrait gagner en compétitivité et se développer, mais il continuera de peser beaucoup moins lourd que les activités d’extraction de matières premières », note l’OCDE.
Angel Gurría, secrétaire général de l’Organisation plaide pour une économie circulaire : « La croissance de l’utilisation des matériaux, associée aux conséquences environnementales de l’extraction, du traitement et des déchets, va probablement accroître la pression exercée sur les ressources de nos économies et compromettre les gains futurs en matière de bien-être. Cette perspective peut aider les décideurs à comprendre la direction dans laquelle nous nous dirigeons et à déterminer quelles politiques peuvent soutenir une économie plus circulaire ».
C’est à lire dans : L’Usine Nouvelle, 23 octobre 2018.