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Construction navale : l’Europe et le Japon progressent dans un marché mondial en recul

MARCHES CLIENTS

Alors que la Chine, la Corée et le Brésil payent lourdement le retournement du marché sur les vraquiers et l’offshore pétrolier, l’Europe et le Japon ont signé en 2015 leurs meilleures performances de la décennie.

Une fois n’est pas coutume, c’est le Vieux Continent européen et le Japon qui brillent quand l’étoile de la Chine et de la Corée pâlit sensiblement durant l’année 2015. Début 2016, le carnet de commandes des 28 pays membres de l’Union européenne avait progressé de 7 % en un an. À l’arrivée, 15 nouvelles commandes de paquebots de croisière tombées dans  l’escarcelle des chantiers européens mais aussi un retour en force de la construction navale espagnole et croate.

Le succès du Japon est encore plus spectaculaire. Ses 74 chantiers navals ont pris 22 millions de tonneaux de commandes en 2015, ce qui correspond à 424 navires. Une progression de 45 % par rapport à 2014 et tout simplement la meilleure performance des constructeurs japonais depuis 2007. Tombée au plus bas en 2011 avec seulement 111 navires commandés pour 5 millions de tonneaux de jauge brute, la construction navale nippone poursuit son singulier redressement entrepris à partir de 2012.

L’expertise technique des constructeurs nippons, la puissance des armements nationaux et des liens anciens constamment entretenus avec les armateurs européens, à commencer par les fidèles clients grecs…Tous ces facteurs expliquent que le Japon reste solidement accroché à son 3e rang mondial de constructeur de navires marchands, en dépit de salaires plutôt élevés. Et même si la commande des vraquiers s’écroule à l’échelle mondiale, les  Japonais rebondissent aussitôt sur les pétroliers et gaziers, où la tendance est inverse : on recense 115 prises de commande en 2015 sur ces navires citernes, contre 44 en 2014. Imabari, Tsuneihi, Oshima, JMU… Ces grands noms de la construction navale japonaise ont pris 258 commandes de vraquiers en 2015, soit quasiment le même niveau qu’en 2014 (265).

Dans le creux de la vague, la Chine, la Corée et le Brésil. Ces pays prennent de plein fouet le recul de 40 % des commandes de navires en 2015 – jusqu’à 72 % pour l’offshore pétrolier et gazier, selon les décomptes du courtier britannique Clarkson.

Exprimées en tonnes de port en lourd (soit la capacité de chargement des navires), les commandes des chantiers chinois ont reculé de 48 %, un chiffre confirmé par l’association nationale des constructeurs navals chinois, Cansi. Pour l’offshore, où les Chinois s’étaient engouffrés depuis 5 ans, le recul est encore plus sévère : – 75.5 % ! « Le niveau d’activité  actuelle de la construction navale chinoise se situe à moins de 70 % de ses capacités », confirme l’association.

Dans les faits, au 1er janvier 2016, on ne recense plus que 188 chantiers navals en Chine ayant au moins un navire à livrer. Au début de la décennie, on en recensait plus de 1 500…

En Corée, les trois grands constructeurs – Hyundai, Samsung et Daewoo – ont tous achevé l’année 2015 sur de lourdes pertes financières : 1 milliard d’euros pour Huyndai et 895 millions pour Samsung.

Les Coréens payent lourdement leur implication dans l’offshore avec la multiplication des annulations de contrats sur les navires de forage.

Mais le pire est ailleurs : le Brésil subit la double peine de la baisse du prix du pétrole et du scandale de corruption de la compagnie nationale Petrobras, qui se traduit par des annulations en masse de commandes antérieures. La jeune construction navale brésilienne, édifiée sur des barrières protectionnistes, a déjà perdu 18 000 emplois en 2015.

Les 3,5 millions de tonneaux du carnet de commandes brésilien, lié à plus de 90 % au pétrole, pourraient très bien se réduire à 130 000 tonneaux si toutes les annulations se confirment. La bulle brésilienne est sur le point d’éclater.

[Le Marin, 06/02/2016]

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